6.1 La danse, le lieu et l’architecture
Pendant de nombreuses années, le dicton préféré de Jean-Pierre Perreault était celui-ci : « L’être humain est sensible à deux choses : aux autres ainsi qu’à l’espace qu’il habite et qui le contient. » Lorsqu’une journaliste du journal Libération lui demanda s’il était un chorégraphe abstrait, Jean-Pierre lui répondit : « Certainement pas, même si j’attache un rôle primordial à l’architecture. D’ailleurs, la danse abstraite, ça n’existe pas. »
Dans Joe, l’architecture et la danse sont intrinsèquement liées, et la causalité de cette fusion donne vie à la pièce.
« Au départ, il y a toujours un lieu. L’espace envahit le danseur, aiguillonne sa sensibilité. Ses perceptions s’excitent au contact des perspectives accélérées, des plans brisés, des horizons infinis. Le corps se soumet à la géographie du lieu, puis le vertige cède le pas à l’émotion. Gravir, glisser, dévaler, tomber deviennent plus que des actions et prennent au fil du processus un sens poétique. Chez Jean-Pierre, l’espace et la lumière abritent le support émotif de l’œuvre, l’émotion esthétique. » Sylviane Martineau, « Le paradoxe d’être », dans Jean-Pierre Perreault, chorégraphe, Aline Gélinas (dir.), Montréal, Les Herbes rouges, 1991.