L’espacement des corps sur scène est un facteur d’adaptation important pour les interprètes de Joe. Le son, la lumière, l’aire de danse changent d’une salle à l’autre et il est nécessaire de prendre le temps de s’ajuster lors des séances de réglage d’intensité des éclairages. Il faut procéder, avec le régisseur de la lumière et le sonorisateur, à la vérification des positionnements pour chacune des séquences de la pièce, et ce, dans l’ordre chorégraphique. Le port des manteau, chapeau et bottes est nécessaire pour les tests de son et de lumière, notamment pour vérifier les angles des chapeaux depuis le parterre.

En tout temps, il faut s’assurer que la visibilité du public assis à cour comme à jardin soit bonne lorsque les Joe sont aux extrémités de la rampe. À ce sujet, se référer aux parties 7. L’ombre et la lumière et 4.2. Schémas chorégraphiques, pour avoir des précisions sur la disposition du groupe sur le plateau.

Les échauffements et la préparation des ensembles

Certains Joe s’entraînent individuellement alors que d’autres préfèrent avoir des séances de travail collectif pour se préparer à danser la pièce devant public. Après cet échauffement, il est utile d’intégrer les notes issues de la pratique du dernier enchaînement et de danser ensemble certaines séquences de groupe (comme celle de la Fente ou de l’Épouvantail et une partie de la Finale) afin de travailler le rythme collectif. Plus tard et après l’échauffement de la voix, qui se fait en costume, certains Joe se rassemblent en sous-groupes ou en duo pour danser quelques-unes des séquences qu’ils veulent répéter avant le spectacle. Ceci se fait organiquement, selon les besoins de chacun.

La vocalisation de groupe sur le plateau

Depuis 1994, s’est installée la tradition du réchauffement collectif de la voix avant chaque représentation, ce qui a toujours été très apprécié des interprètes. C’est un moment où tous se rassemblent sur le plateau, environ 45 minutes avant l’ouverture des portes au public. Les danseurs ont à ce moment-là déjà fait leur entraînement physique et sont en costume, bottes aux pieds. Ce moment d’une quinzaine de minutes met toute l’équipe au diapason, dans une posture d’écoute propice à l’action simultanée, et prépare la voix en vue de la section du LA.O. C’est l’occasion de s’allier et de prendre plaisir à être ensemble, avant que le spectacle commence. Le sonorisateur profite de ce temps pour faire des niveaux de son avec les micros suspendus.

Le groupe forme un cercle sur le plateau. Un leader (répétiteur ou interprète expert de la voix) donne quelques consignes de bonne posture, d’ouverture de la gorge, de mouvements de diaphragmes et de respiration.

Puis, en faisant un jeu vocal de chanson à répondre, le leader émet le son exagéré d’une première voyelle : A. Le groupe y répond. Viennent ensuite E, I, O, U, le groupe répondant après chaque voyelle prononcée. Ce jeu de chanson à répondre se poursuit en passant par toutes les lettres de l’alphabet. Par exemple, le leader articule exagérément et avec rythme : BA BE BI BO BU. Le groupe répond selon les mêmes rythmique et tonalité. Le leader dit ensuite CA CE CI CO CU dans d’autres rythmique et tonalité auxquelles le groupe répond. Et ainsi de suite jusqu’au ZA ZE ZI ZO ZU.

Le leader crée ensuite de courtes chansons que le groupe répète, et ainsi de suite jusqu’à ce que la chanson du LA.O soit chantée, en finissant avec les sons éclatés d’oiseaux. Parfois, le LA.O n’est pas chanté, mais cet exercice peut aussi être l’occasion de chanter « bon anniversaire » à un membre de l’équipe.

Après quoi, tous les interprètes poursuivent leur échauffement physique, font la mise au point de leur costume et de leurs cheveux. Ils montent et descendent la rampe avant l’entrée du public, car cette préparation fait beaucoup de bruit. Le sonorisateur teste les niveaux de son des microphones avec le Joe qui frappe la rampe et avec d’autres Joe qui sont sur place. Joe Harmonica vérifie que son micro est placé stratégiquement en coulisse à cour et que ses deux harmonicas sont en place.

Après l’entrée du public, lorsque le rideau de scène est levé, il faut faire attention au bruit des pas sur le plateau, car 32 danseurs chaussés de bottes d’armée qui arpentent un plateau et qui s’installent en position causent du bruit, inévitablement.

Détail du programme de spectacle, La Villette, Paris, France, Fonds Jean-Pierre Perreault (BAnQ), 1991.