Projet imaginé par Mélissa Raymond :
Rire. Il se souvient, on dirait. Il marche, essaie encore, doute, ne se rend pas à la fin du mouvement. Il trouve. Répétition, petit ralentissement à la fin du phrasé. Il marche en rond, s’arrête. Répétition, petit phrasé interrompu. Il prend de l’assurance.
La marche. Le déplacement. La mise en marche semble être pour lui une façon de se reconnecter au mouvement, à son souvenir. La marche devient un certain motif. Serait-ce une façon de placer les morceaux de la séquence dans l’espace? De respatialiser?
Tête penchée, moment d’errance. Le corps balance, ralentit. Les gestes sont faits avec un tonus musculaire à son minimum, comme pour reconnaître la forme d’avant et laisser de l’espace pour se rappeler la suite. Penser en faisant. Un mouvement apparaît. Ah oui! Il se souvient. Temps accéléré. Il repasse l’extrait comme pour en finir avec ce morceau qu’il connaît déjà et aller à ce qui suit; forcer le corps à aller à ce qui suit. Essai. Erreur.
Arrêt, reprise, retour. Regard intérieur, vers le bas. Commentaires, difficultés. Arrêt. Son front irradie. Quelles stratégies adopte-t-il lorsqu’il y a un blocage? Comment les mémoires reviennent-elles? Est-ce à force de faire? Il refait la même partie de la séquence. Reprise du mouvement. Isoler le moment. Ça revient. État de se souvenir. Faculté de se transporter dans un endroit précis dans un temps précis.
Je vois un autre langage qui se développe, qui vient s’insérer dans la chorégraphie-originale; une autre danse qui se crée dans les interstices de la mémoire, qui accompagne, comme un sous-texte, l’effort de mémoire. Ce que j’observe, c’est la tâche de l’interprète qui tente de se souvenir et de se remettre en corps une séquence de mouvements. Le corps qui cherche.