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Katya Montaignac

 

[Début accessible dans la boîte complète]

 

 

Retour du thème 1 (introduction du mouvement Mozongi)

Les tambours changent de rythmique pour revenir au thème 1. Les mains des danseur·euses dessinent des trajets sinueux avec leurs bras, du haut vers le bas. Le buste ondule durant la trajectoire des bras – ce passage introduit le mouvement Mozongi, emblématique de l’oeuvre, qui exige une extension maximale du dos en position debout avec les mouvements ondulatoires des bras.

La composition chorégraphique de Mozongi n’est pas linéaire. tun kata kutun kataka ! Ainsi, le thème 1, final, qui est pourtant central et essentiel à tout le processus, arrive après le thème 2 : « Le thème 1, c’est le marquage vigoureux et rigoureux du temps avec le corps – j’aimerais dire avec les pieds ! – qui conduit toute la pièce. Il m’a obsédée. [C’est] une façon d’envisager la rythmique, le temps, le retour. Il a un poids, une circularité ». Les motifs sont à ce titre enchaînés librement par les danseur·euses : « Tout est possible, mais pas dans n’importe quel ordre 1Z. Maboungou, « Tech/niques/ologies de transformation », op. cit., p. 67. ». tun kata kutun kataka ! Jeanne Maugenest a rédigé une analyse de Mozongi durant sa scolarité au PEFAPDA, dans laquelle elle remarquait que « toute la pièce était concentrée dans le dernier tableau. Tout ce qu’on a travaillé dans la pièce se retrouve condensé dans ce dernier morceau 2J. Maugenest, op. cit. . »

Face au rythme, nous sommes constamment en apprentissage. Le rythme t’amène ailleurs. Je travaille le multidirectionnel, donc sur des structures ouvertes qui vont chercher de multiples diagonales. Les mains sont en dessous des coudes, les coudes en dessous des épaules, les épaules en dessous du cou. Le corps s’impose comme un centre de référence. Il a le choix de trouver les trajectoires qui lui conviennent.

Lokéto 9 (à l’horizontale en corridors)

Progressivement et à tour de rôle, les danseur·euses se déplacent le buste penché à l’horizontale, c’est la posture du lokéto 9. Les dos ondulent dans cette posture inclinée qui à la fois recule et avance.

Ce travail de ramassage se fait toujours par les pieds. Ce sont les pieds qui ramassent. C’est la force de l’ancrage. Le thème 1 établit la force de l’ancrage. […] Ça s’appelle le double appui, c’est-à-dire la rétention. La rétention n’est pas une tension. C’est une question de rythme. Je ne fais pas de la poésie. Il s’agit de la vie et du corps (ici la vie prend le dessus sur la poésie).

Développement final (en six mouvements sur le thème 1)

Les mouvements Mozongi d’ondulation reprennent en choeur face au public, puis tour à tour, de profil, avec chaque interprète dans son corridor respectif. Chacun·e s’offre à tour de rôle des moments d’indépendance, combinant librement les motifs.

 

Alexandra Charette, Nancy Jean-Marie, Reena Almoneda Chang, Donna Ramsay.
Photo : Xavier Lluis, 1997

Une danseuse bondit de profil avec un poing en l’air qui frappe le sol à deux reprises en alternant les bras, avant d’effectuer un demi-tour en sautant pour recommencer la séquence, suivie alors par le groupe. À la quatrième occurrence, les danseur·euses s’immobilisent les bras croisés sur le torse penché en avant. Iels entament un piétinement collectif, à l’unisson, le dos ondulant avec le buste penché en avant et les bras toujours croisés. Individuellement, chacun·e opère librement un demi-tour ou un redressement du buste dans l’espace. Une danseuse se détache du groupe en lançant les bras et les jambes en l’air en pivotant à droite puis à gauche. Ses mouvements sont peu à peu repris par l’ensemble du groupe.

Une marche sautillée et précise avec un écart de la jambe sur la droite rassemble le groupe, qui avance et recule, à l’unisson et de profil.

 

Gabriella Parson, Jennifer Morse, Mithra Myth Rabel, Mafa Makhubalo, George Stamos, Karla
Étienne, Raphaëlle Perreault. Photo : Pierre Manning. Graphisme : Shootstudio (Pierre Manning,
Audrée Desnoyers), 2014

Le groupe se fixe penché en lokéto 9, les poings fermés sur le front. Iels sautent ensuite en position groupée, les poings fermés et les bras tendus vers le sol, puis ouvrent le bras droit sur le côté avant de le ramener droit devant soi. Ce motif du saut groupé, immortalisé par l’affiche du spectacle et sa célèbre photo signée Pierre Manning, est repris cinq fois. Enfin, le groupe pivote et se redresse pour retourner, dos au public, au mouvement Mozongi. Les danseur·euses reprennent le motif dans un va-et-vient de dos et de face au public, démultipliant librement leurs ondulations.

Ne vous occupez pas du temps, c’est le temps qui nous occupe !

Les tambours s’arrêtent ; les danseur·euses, face au public, se figent. Noir.

Notes

  • 1
    Z. Maboungou, « Tech/niques/ologies de transformation », op. cit., p. 67.
  • 2
    J. Maugenest, op. cit.

 

Boîte chorégraphique Mozongi

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