Zab Maboungou
« Le fait que Maboungou soit toujours en mouvement, toujours à la fois en train de créer et de dissoudre des images, lui permet à la fois d’édicter une identité et de refuser sa stabilité. Sa danse porte sur le processus du devenir et non sur le “ce” que l’on est devenu 1A. Cooper Albright, op. cit., p. 23. Traduction libre. . » Rarement une critique (émise par une artiste en danse et philosophe) aura-t-elle touché du doigt avec autant de justesse ce qui, toujours encore, m’anime : le sentiment profond que j’ai d’être en déplacement.
Composer avec le mouvement, c’est composer dans le mouvement. Inextricable appartenance au monde. Si, comme cela a déjà été mentionné, « le temps emporte tout », celui-ci, à l’évidence, doit alors compter avec nous (on saisit ici la posture d’interlocutrice que nous adoptons… et l’arrogance !). Le terme « compter », ici, n’est pas anodin. Puisque non seulement nous comptons le temps, mais le terme aussi renvoie à l’idée d’une légitimité, celle qui fait corps et qui fait que nous « comptons » nous aussi (dans le sens d’« avoir de la valeur »), de par notre existence et le temps qui s’écoule en elle, et avec elle.
Point de « départ »
Il est des questions qui reviennent toujours lorsqu’il s’agit d’aborder le travail chorégraphique : « Par quoi commencez-vous ? », ou encore « Qu’est-ce qui vous inspire avant toute chose lorsque vous entreprenez la création d’une oeuvre ? ».
Autant s’interroger sur le « pourquoi » qui mène à une telle aventure, et dont le fait, relativement récurrent, n’engage aucune certitude quant au résultat escompté.
Mais cela me convient, tout compte fait. Car j’y suis résignée. Cela dit, non pas au sens commun qui suggère un état passif à la limite de la dépression, mais au sens plutôt de l’abandon qui s’apparente à une stratégie de vie.
En effet, je ne suis jamais parvenue à fixer véritablement de point de départ à mes oeuvres, qui, toutes, surviennent, non pas à mon insu – puisqu’en fait, j’ai le sentiment de les avoir déjà fréquentées –, mais au détour de mes pérégrinations et méditations, les unes s’apparentant aux autres.
C’est qu’en effet, le mouvement m’habite. De cela, j’ai probablement toujours eu une conscience aiguë.
Notes
- 1A. Cooper Albright, op. cit., p. 23. Traduction libre.