S’élever (quatrième tableau)

Katya Montaignac

Redressement sur genoux (avec bras arqués)

Les interprètes se redressent sur les genoux avant d’effectuer un mouvement de contraction du buste (centre 2) puis de chuter vers l’arrière. Cette séquence est reprise trois fois. Redressement, contraction, chute, demi-tour. Genoux, buste, bassin, fesses. Se redresser sur les genoux, contracter le buste, rouler sur les fesses. À la quatrième occurrence, chacun·e frappe dans ses mains et s’immobilise en appui sur un genou avec les bras en avant et les paumes ouvertes en offrande. Une danseuse pousse sur son pied avant pour sauter, seule, effectuant un demi-tour, avant de revenir à genoux, suivie en canon d’un autre danseur, puis du groupe au complet.

Vous sautez dans le silence et le tambourinaire vous rattrape.
Vous avez votre propre chant.

 

Nancy Jean-Marie, Donna Ramsay, Reena Almoneda Chang, Alexandra Charette.
Photo : Xavier Lluis, 1997

Roulé/redressement sur genoux (droite/gauche/droite)

Les danseur·euses accroupi·es basculent d’un pied à l’autre avec les paumes ouvertes en chantonnant Han han… han han an an hum… : « Chaque mouvement au sol est un piétinement assis. » Iels crient en passant des genoux au sol, en arrière et en avant, frappant des deux mains sur le sol, avant de revenir accroupi·es sur un pied, les paumes toujours offertes :

Les épaules travaillent l’une après l’autre. Ce mouvement de zebola 1Le zebola est un rituel de danse originaire de la RDC (et plus particulièrement des peuples du Congo) aujourd’hui popularisé dans toutes les danses urbaines. est plus délié mais précis. Les mains en coupelle ou les paumes en offrande sont des symboliques ancestrales. Je tiens à ce que votre corps respire de la tête aux pieds. En réalité, les mains sont déliées l’une de l’autre et non synchroniques. Les mains dirigent, elles guident le mouvement. Le corps est divisé, il vit à plusieurs endroits en même temps, il n’est pas un monument.

Les souvenirs sont parfois contradictoires. Est-ce que les danseur·euses se relevaient directement après le Ah !, ou bien estce qu’iels enchaînaient avec le pas de côté ? Marie-Denise et Elli se rappellent la difficulté à se redresser, mais Mona, qui s’initie à la chorégraphie, a simplifié son trajet. Zab est persuadée qu’il s’agit précisément du mouvement d’origine. À chaque version, les trajets se modulent selon les danseur·euses. Aujourd’hui, Zab opte pour la version de Mona. Pour se remémorer l’oeuvre, la chorégraphe la traverse dans son propre corps. D’autres fois, elle a besoin de voir les interprètes danser afin de retrouver le rythme.

Frappé des mains au sol et séquence multiple en 5

À partir de la position sur un genou, les bras en offrande, tout le monde saute en demi-tour avant de finir à genoux en arche puis de se pencher en avant avec les avant-bras ouverts et les pieds écartés en « grenouille » afin de stabiliser la position :

Pour le saut, on se centre en se divisant. C’est un saut surprenant, qui n’est pas usuel : on commence par le haut et on saute en chutant. Une élévation et en même temps une chute. Les bras sont comme des ailes. Tu te bats avec toi-même, car tu sens ce que tu es en train de faire. Je divise le corps, mais je reste centrée. Ton corps n’est pas contracté, mais il demeure engagé tout le temps. Même quand tu dors, ton corps est engagé ! Gardez la jambe en chute. Ensuite, c’est important d’aller vers le haut pour épargner les genoux. Je place le bas des jambes en « grenouille » pour ne pas tomber.

Cet enchaînement est particulièrement éprouvant pour les danseur·euses en raison des passages à répétition sur les genoux. Zab prodigue quelques conseils : « Il ne faut ne pas confondre le centre 2 avec les épaules ! » À une danseuse avec de longues jambes, elle suggère : « Essaie de ne pas croire ce que tu vois. Tu vois de grandes jambes. Base-toi sur le mouvement. Et le corps va t’indiquer le chemin. » Dans cette section, les danseur·euses effectuent des allers-retours incessants de haut en bas. Saut, arche, bras ouverts face au sol, puis reprise de la posture à genoux avec mains en offrande, paumes vers le haut. Zab rit : « Dans Mozongi, on n’arrête pas de chuter et de remonter. Les chrétiens adoreraient ça. C’est vraiment le paradis perdu ! »

Redressement (sur un pied et un genou)

Les interprètes frappent au sol et se redressent sur un pied et un genou. Ils présentent les mains rapprochées face au ciel à droite puis à gauche, avant de basculer les genoux sur le sol et les mains sur le front, de se redresser en criant Ha ! et de placer le buste en lokéto 9. Cet enchaînement est répété trois fois. Puis, iels se redressent debout en tournant dans un cri collectif : Hey !, avant de chuter à nouveau au sol, recroquevillé·es en position foetale.

Les musiciens ont déposé les bâtons et reprennent les tambours. Les corps allongés en foetus se déplient et se recroquevillent plusieur fois.

Les haches

Tandis que le groupe se retourne en roulant d’un côté et de l’autre, en position du foetus, une danseuse se redresse à genoux, les mains jointes, coupant l’air comme si elle était munie d’une hache. La soliste se redresse ensuite sur un genou, puis elle se lève, marquant toujours le mouvement de la hache avec les mains jointes allant de haut en bas, transférant le poids du corps d’un pied à l’autre. Elle est bientôt suivie par le reste du groupe. Les interprètes dansent chacun·e à son rythme avant de se placer sur trois lignes pour reprendre le mouvement de manière synchronique.

[suite dans la boite complète]

 

 

 

 

 

 

Notes

  • 1
    Le zebola est un rituel de danse originaire de la RDC (et plus particulièrement des peuples du Congo) aujourd’hui popularisé dans toutes les danses urbaines.

 

Boîte chorégraphique Mozongi

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