Début mai 2018, Ondinnok, en collaboration avec Tangente, présentait Corps entravé, Corps dansant, un événement majeur portant un regard pluriel sur la danse autochtone aujourd’hui au Québec. Quelques jours plus tard, la Fondation Jean-Pierre Perreault proposait les journées de réflexion Entre traces et écritures. Nous y invitions alors Catherine Joncas, co-fondatrice d’Ondinnok et commissaire de Corps entravé, Corps dansant, à prendre part à la table ronde La création et le corps/archives. Celle-ci y présenta le parcours de différent·es artistes autochtones et témoigna de l’importance que les mémoires ancestrales jouent dans leur processus de création.
Comme suite aux pistes de réflexion ouvertes par ces deux événements, la Fondation Jean-Pierre Perreault, en collaboration avec Ondinnok, a désiré mettre mis en œuvre un nouveau projet, ouvert aux artistes de la danse de toutes origines et de toutes cultures, autour de la question des mémoires ancestrales des corps dansants.
Les mémoires ancestrales logent dans nos os, dans les fibres de nos cerveaux et de nos organes. Elles surgissent, nous surprennent et nous réconfortent parce qu’elles nous assurent d’un lien humain essentiel et nous replacent dans un temps long. En ces temps d’effondrement planétaire, il devient de plus en plus urgent d’écouter et de partager les messages qu’elles nous envoient.
Guidées par Catherine Joncas, Claudia Chan Tak, Lucy Fandel, Charo Foo Tai Wei, Kyana Lyne, Heather Mah, Victoria May, Marine Morales-Casaroli et Marie Mougeolle ont plongé en mai 2021 dans les mémoires ancestrales de leur corps dansant, inspirées par la démarche créée par Ondinnok avec les artistes autochtones. Lors de cette exploration, Catherine agit comme notre ainée, notre guide. D’emblée, elle pose quatre pierres pour marquer le déroulement du projet : le respect, la vérité – à soi, aux autres –, le non-jugement, et la reconnaissance de la peur et son dépassement.
De ces ateliers qui n’auront été captés ni par la vidéo ni par la photographie, on retiendra la lenteur, l’introspection, tout comme l’attention profonde, la fragilité et l’ouverture. Restent aussi les mémoires dans les corps des participantes, des écrits et des dessins dans leur cahier de bord, et des esquisses de Youloune venue assister à deux reprises à l’exploration. Ces traces – écrits, dessins et esquisses – auxquelles s’ajouteront de nouvelles réflexions autour des mémoires ancestrales deviendront l’objet d’une publication de l’Espace Perreault. Nous y travaillerons dès janvier et en prévoyons le lancement à l’automne 2022.